Le Gille
Ses origines ne sont pas bien connues, la légende veut que sa première apparition remonte à 1549 lors des festivités somptueuses données en l’honneur de Charles Quint et de son fils Philippe II d’Espagne à l’occasion de leur visite au palais de Marie de Hongrie à Binche.
Peu avant cette époque, l’espagnol François Pizarre avait découvert le Pérou et ses Incas.
Pour colorer et donner une touche imprévue à cette fête de 1549, les courtisans de Marie de Hongrie décidèrent de se travestir en Incas, affublés de costumes bariolés et de chapeaux garnis de hautes plumes.
Pour commémorer chaque année cette fête, les Binchois organisèrent un carnaval où les habitants se travestirent en sauvages du Pérou et s’habillèrent en “Gille” dont l’appellation provient d’un prénom très répandu en Espagne à cette époque, mais s’écrivait “GIL”.
Tout cela fait partie de la légende avec ses fantaisies dues à l’imagination.
La réalité est certainement autre, car au début du XIIe siècle Binche n’était plus qu’un village où les guerres n’avaient laissé que ruines et misère, ce qui avait fait fuir la population.
En 1120, Yolande de Gueldre exerce la régence du comté à la mort de son mari et pour redonner une vie à la ville de Binche, décide de faire reconstruire les habitations et d’accorder des privilèges à ceux qui désirent venir s’y établir.
Des étrangers à la ville vinrent donc la repeupler en emmenant leurs coutumes de mascarade à caractère souvent païen qu’ils fêtaient pendant les jours gras, ce qui permettait aux personnes qui portaient le masque et s’affublaient d’un déguisement carnavalesque de prendre du bon temps, de boire et de manger avant les privations imposées par le clergé pendant la période du carême.
L’autre facette a un caractère plus païen car le “Gille” ressemble à beaucoup de personnages carnavalesques de nombreux pays d’Europe qui dansent, des sabots aux pieds pour marteler le sol, un balai à la main et des sonnailles (souvent empruntées aux colliers des chevaux) à la taille.
Ce rite servait à chasser l’hiver, à balayer (balais-ramon) les mauvais esprits et les maladies et à leur faire peur en faisant énormément de bruit (apertintaille-grelot) pour ne pas qu’ils reviennent perturber la quiétude, la santé et les récoltes.
Avant le milieu du XIXe siècle, le “Gille” offrait du pain et des fruits régionaux afin d’attirer l’abondance en retour de cette offrande, ce n’est qu’après la construction de la gare de Binche qu’est arrivée l’orange.
Le nom “Gille” n’apparaît dans les archives qu’en 1795 mais il est à supposer que le personnage existait depuis de nombreuses années.
A cette époque le costume n’avait pas la beauté qu’il a actuellement car la population était pauvre, et les personnes se déguisaient avec leurs vêtements de travail qu’ils arrangeaient (rappel de cette époque car le costume actuel est en toile de lin).
Les chapeaux en plumes ne sont apparus qu’après 1830, ils étaient au début en plumes de marabout pour être ensuite en plumes d’autruche.
C’est à cette période (1830) que sont apparus aussi les lions héraldiques et les trois couleurs nationales reprises dans les décorations du costume. Suite à cet embellissement seuls les commerçants, les artisans et les bourgeois avaient la possibilité pécuniaire de faire le “Gille”.
Le Gille de Fleurus
Le Gille fleurusien est apparu en 1920 sous l’impulsion d’un chef d’entreprise fleurusien, fabriquant de wagonnets de charbonnage et originaire de Carnières, qui par nostalgie des coutumes de la région du Centre incita les Fleurusiens à revêtir ce beau costume à l’occasion de la Cavalcade.
Cette première société fut baptisée “Les Intimes”, son local se situait au café “Les Arcades” où il régnait à l’époque une très grande animation.
Après la dure période de privations encourues par la guerre 40-45, quelques amis tels que Roger Castille, François Servais, René Lefebvre, Alex Frennet, Gustave Verrneulen et Georges Bouton décidèrent de recréer une société sous le nom de” Les Vrais Amis” et transférèrent leur local sur la place Albert 1er chez Marie Maison, mère de François Servais. Cette société s’est dotée depuis de l’appellation “Royale”.
Une deuxième société voit le jour en 1986, elle fait son apparition sur le pavé fleurusien à l’occasion de la cavalcade de 1987, son nom: ” Les Sans Pareils”, comme l’appellation des illustres biscuits fabriqués dans notre cité.
En 1998 naissait la troisième société. Elle porte un nom qui va bien aux Fleurusiens : “Les Bons Vivants”. Sa première cavalcade date de 1999.
Elle fut suivie de peu par une quatrième, dernière en date, qui repris le premier nom de notre société : Les Intimes.
En 2017, la Société “Les Intimes” est dissoute après une année difficile. Cette décision amenant donc aux trois Sociétés actuelles, rassemblant pas moins de 450 Gilles.
L’année 2020, fut marquée par l’annulation de la cavalcade. Suite à la crise sanitaire internationale liée au Coronavirus, les autorités décidèrent, pour une question de santé publique, de reporter la 140e édition de la cavalcade à l’année suivante, en 2021.
Ce dynamisme et cette envie de perpétrer le folklore ancré dans nos racines ne regroupent pas moins de 400 Gilles qui font de leur mieux pour respecter les traditions et l’éthique pour la grandeur de notre Ville de FLEURUS et de sa CAVALCADE.
Bibliographie – remerciements :
– Bibliographie : voir mentions légales.
– Merci à Denis EVRARD pour les précieux documents ayant permis la réalisation de cette page.